Le téléthon 2009 avec l'Association Sportive Culturelle Francophone de GAGNY

Léon Yves BOHAIN

 

Seul président français de club d'athlétisme souffrant d'un lourd handicap, le responsable de l'ASCF a la particularité de commenter également les courses en étant aveugle, ou presque : « J'ai un oeil artificiel et 95% de cécité de l'autre » souligne ce beau jeune homme de 71 ans aux cheveux de neige. Un personnage aussi attachant que truculent. 

                                                                                             Une enfance difficile 


Entraîneur, présentateur sportif, fondateur de la section de Gagny, de l'Association Sportive Culturelle Francophone, de la revue Courir, organisateur hors pair, cet esprit pur (et dur) est aussi un écrivain de talent, reconnu pour ses compétences mais aussi par cet esprit de poète élevé dans l'esprit tricolore, qui veut que liberté, égalité et fraternité cohabitent en bonne intelligence. Léon est profondément humain, le coeur ancré dans le sport et dans la vraie vie, celle qui révèle les hommes : « Le sport a été pour moi un moyen de m'en sortir. J'étais un pauvre môme. J'ai bien tourné mais j'ai eu chaud. Je m'en souviens et il est normal de renvoyer la balle. » Une expression amusante pour cet enfant de... la balle : « mon père était saltimbanque dans les foires. En fin de compte, j'aurais dû suivre ses traces. Je chante, j'écris... mais mon souci majeur dans la vie, c'est l'amitié. J'ai été au départ des courses sur route et j'ai évolué dans cette ambiance ». 



Un sacré bout de chemin parcouru par ce bénévole qui baigne dans la marmite depuis 52 ans : « Je crois avoir fait le tour et je suis un peu déçu de l'athlétisme qui donne trop la part belle à l'argent. Il y a une dérive générale. L'important, ce n'est pas ce que dit l'homme mais ce qu'il fait. Moi, le stade, c'est ma vie. J'aime rendre service et lorsqu'un jeune vient me saluer, c'est du pur bonheur. Cela me suffit, je ne suis pas exigeant. Je suis heureux avec mes athlètes de la Francophonie et les autres aussi d'ailleurs ». 

                                                                                                        
                                                                                           L'esprit francophone
 


Educateur hors norme, le président, malgré son handicap visuel voit clair et son passé d'enfant difficile remonte à la surface. Comme un père attentif, Léon est à l'écoute et son message demeure celui du bon sens. « L'éducation, c'est une chose importante car elle jalonne le parcours d'un homme ». Le coeur sur la main et la main sur l'épaule, c'est par le sourire que l'homme communique. « Faire ou refaire des hommes avant de sculpter des athlètes, représente la principale préoccupation de tout éducateur. Etre préparé à son insertion sociale dans une recherche harmonieuse touchant à la fois le corps, le coeur, l'esprit, apporte à celui qui en bénéficie la certitude d'une progression de la connaissance dans un total esprit de liberté». 


Il est doux d'écouter cet humaniste au visage bronzé, éclairé par cette douce flamme de la passion qui continue de briller dans ses yeux fatigués. Son handicap, Léon s'en amuse en public même s'il a de quoi broyer du noir envers cette « salopette » de maladie qui lui a pris la plus grande partie de sa vision. Mais en parlant avec cet homme rayonnant, la lumière jaillit immanquablement. La chaleur humaine et le respect sont des notions naturelles et non artificielles. Rencontrer de tels personnages permet de s'enrichir intérieurement. 


Inutile de préciser que le président de l'association francophone ouvre la porte sur le respect et l'amitié entre les peuples : « Réussir à faire l'amalgame entre les hommes de races différentes, c'est constituer une chaîne union. L'individu n'est en fin de compte que le petit maillon d'une grande chaîne ». 


Cher Léon, savoir que l'on puisse faire partie de cette chaîne de solidarité suffit à mon bonheur. A l'inverse d'une dame connue par la télé, nous vous dirons simplement, cher ami, que vous êtes le maillon fort. 


Pascal Pioppi (journal La Marne)